Qu’est-ce que l’exposition ?

Tout d’abord, que désigne-t-on par « exposition » ? Comme nous l’avons vu précédemment, pour une sensibilité donnée, le capteur (ou le film) a besoin d’une certaine quantité de lumière pour être bien exposé. Cette quantité de lumière est donc déterminée par un couple liant une ouverture (diaphragme) et une vitesse (obturateur). Ces réglages doivent permettre à l’image d’offrir tous les détails souhaités par le photographe.

Les différents modes de mesure d’exposition

Mais encore faut-il que le boitier puisse mesurer la quantité de lumière qui arrivera jusqu’au capteur (ou film). Or, dans des cas où le contraste est important, cette tâche risque de ne pas être facile. La cellule qui effectue les mesures doit-elle privilégier les ombres, ou les hautes lumières ?

Tous les appareils photographiques évolués -même compacts- proposent aujourd’hui différents modes d’exposition qui permettent, en fonction de la luminance, de fournir une indication au boîtier sur les réglages qu’il doit adopter pour exposer correctement la vue. Il s’agit, en quelque sorte, pour le photographe de contraindre la cellule à se comporter comme il le souhaite.

Picto Mesure d'exposition globale (ou matricielle)Mesure d'expoosition Globale ou matricielle

Mesure Globale (ou Évaluative, ou Matricielle)

On l’utilisera par défaut. Dans ce mode, l’appareil mesure la lumière sur la totalité de l’image cadrée, effectue une moyenne globale, et choisit les paramètres qui conviennent à l’ensemble de la scène.

Situation : dans la majorité des cas, votre boîtier restera en mode de mesure globale (ou matricielle), et vous fournira une exposition tout à fait correcte, équilibrant les ombres et les hautes lumières sans qu’il soit besoin de corriger quoi que ce soit. Mais un capteur, à l’instar du film argentique, n’est en mesure d’encaisser qu’un écart limité de contraste entre les ombres et les hautes lumières (moins de 15 IL pour les meilleurs d’entre eux). Un éclairement très contrasté, au-delà de ces valeurs, vous obligera donc à faire un choix. Les autres modes d’exposition peuvent alors vous aider à améliorer vos prises de vues.

 

Picot Mesure d'exposition pondérée centraleMesure d'exposition Pondérée centrale

Mesure pondérée centrale (ou partielle, ou sélective)

Il s’agit d’un mode qui privilégie le centre de l’image (environ 15%), ou du moins la partie de l’image sur laquelle est effectuée la mise au point. Pour déterminer le réglage adéquat, le boîtier accorde une importance prépondérante au sujet, au détriment du reste de la scène, et effectue une moyenne pondérée de l’ensemble.

Situation : un cas typique est celui d’une situation très contrastée, où le sujet baigne dans la lumière, alors que le reste du cadre est dans la pénombre. Ici, on choisira la mesure Pondérée centrale afin d’exposer correctement la bâtisse, quitte à laisser les feuillages dans la pénombre, en ombres chinoises. En choisissant de poser pour la bâtisse, on s’assure que cette dernière sera correctement exposée. En mesure globale, l’appareil trompé par les feuilles sombres encadrant l’image, eût immanquablement surexposé le sujet principal, perdant les détails de la pierre. En pondérant le centre de la photographie, on conserve la bonne exposition, et l’ensemble des détails.

 

Picot Mesure spotMesure d'exposition Spot

Mesure Spot

Ce mode, destiné aux photographes avertis, mesure la quantité de lumière présente dans une partie très précise de l’image -environ 5 à 7% seulement selon le boîtier- correspondant au centre du cadrage ou au collimateur de mise au point sélectionné. L’appareil ne tient alors pas compte du reste de l’image pour effectuer ses réglages.

Situation : la mesure Spot n’est rien d’autre qu’une Pondérée centrale poussée à l’extrême. On diminue encore le champ de la mesure d’exposition à une zone très réduite (environ 5 à 7% du cadre). Ainsi, on est garanti que le sujet principal sera parfaitement exposé, quitte à délaisser le reste de la photographie. Ce mode de mesure d’exposition est particulièrement efficace lorsque le sujet se détache véritablement du fond, soit parce qu’il est beaucoup plus éclairé que le fond, soit parce qu’il est beaucoup plus sombre que son environnement.
Ici, les tasses sont baignées de lumière alors que le reste de la scène reste dans la pénombre. Le photographe a donc choisi de mesurer l’exposition en mode Spot, en prenant soin d’effectuer la mise au point sur une tasse, pour s’assurer que les zones les plus claires conservent du détail. S’il avait utilisé la Mesure globale, les hautes lumières auraient été brûlées et les tasses toute blanches.

NB : les boîtiers évolués permettent, à travers des fonctions personnalisées, de coupler le collimateur de mise au point avec la mesure d’exposition Spot, offrant ainsi la possibilité de mesurer la quantité de lumière directement sur le sujet -même excentré- sans recourir à la mémorisation d’exposition.

La mémorisation d’exposition (AE Lock)

Lorsque vous changez de cadrage, l’appareil adapte au fur et à mesure l’exposition en fonction de la quantité de lumière qui pénètre dans le champ. Or il arrive que l’on souhaite recadrer tout en fixant l’exposition une bonne fois pour toutes. C’est le cas par exemple lorsque vous souhaitez réaliser un panorama de plusieurs vues, et que par conséquent vous voulez conserver la même luminosité sur toutes les images qui seront assemblées par la suite.
Vous trouverez donc sur les boîtiers évolués un bouton *AE à proximité du déclencheur. Il permet d’obtenir le bon réglage et de bloquer l’exposition qui vient d’être mesurée afin de pouvoir changer de cadrage sans que celle-ci s’en trouve modifiée.

  1. Vous mesurez l’exposition
  2. Vous la bloquez (*AE)
  3. Vous recadrez
  4. Vous déclenchez…

De nombreux boîtiers proposent aujourd’hui une fonction intitulée AF/AE qui couple à la fois la mise au point autofocus et l’exposition une fois le bouton enclenché.

Des ombres peuvent toujours être éclaircies en post-traitement. En revanche, des hautes lumières brûlées ne pourront pas être récupérées, faute d’information utilisable.

Dans une scène très contrastée, on privilégiera donc souvent le détail dans les hautes lumières au détriment des ombres. On appelle cela « poser pour les hautes lumières », c’est à dire que l’on fait en sorte de conserver des nuances de gris dans les blancs, quitte à enterrer légèrement les noirs.

On verra dans la prochaine leçon qu’il est parfois préférable de poser pour les ombres, ou que des méthodes comme le HDR existent pour augmenter a posteriori la plage dynamique d’une image, mais dans tous les cas il appartient au photographe lui-même d’effectuer ses choix au moment de la prise de vues.